" J'ai été happé à la première page de Faute de frappe et je n'ai plus eu envie de lâcher ce livre. Djinn m'a agacé autant qu'elle m'a attiré."
Benjamin A
"Elsa, la fille d'Armand, dans le Passeur de liberté est une sœur pour moi, je me suis tellement identifiée à elle et puis j'ai ri aussi de ce roman choral qui se lit d'un trait.
Hélène F
"J'ai fait appel à Kysia pour écrire des textes accompagnant des photos pour mes enfants et petits-enfants. Elle a su m'écouter, s'adapter, elle a pris du temps, m'a conseillée. Le résultat est incroyable. Je vais bientôt la solliciter pour un discours que je dois prononcer au mariage de mon fils."
Sylvie D
lecteur assidu Faute de frappe de Kysia Dorizon
« C’est avec un cocktail d’émotions , de l’admiration à l’effroi via une empathie parfois ambivalente pour l’héroïne du roman que j’ai brassé et rebrassé les pages de Faute de frappe .
Son autrice a vraiment un grand talent : patiente, précise dans le choix des mots comme dans l’autobiographie du personnage central , elle détonne par la densité et l’originalité de son ouvrage .Je lui souhaite vraiment la renommée qu’elle mérite .
D’emblée son histoire trouve ses racines dans la société de consommation d’un occident contradictoire , tiraillé entre l’euphorie d’après-guerre et les inégalités sociales aussi criantes qu’absurdes . En fait la romancière se garde de situer exactement les lieux , en France certes et à Paris comme on le devine souvent mais sans trop de précisions . Là n’est sans doute pas l’essentiel car les grandes banlieues ou les quartiers chics des grandes villes se ressemblent . Le temps , lui, a un traitement plus explicite et original : les générations s’entrecroisent et la crise soixante huitarde n’est pas l’apanage exclusif des jeunes révoltés d’aujourd’hui , comme c’est le cas de l’héroïne , Jennifer , une écorchée vive dès ses jeunes années dans un milieu où règne un non dit suspect et dont elle voudra s’échapper au fil de ses succès scolaires et d’une sensibilité exacerbée . Par ailleurs , l’écrivaine a l’art d’intriguer son lecteur en lui soufflant une trame mystérieuse digne d’un thriller , qui intercale dans la chronique principale des bribes d’un second récit ancré dans une atmosphère carcérale et une promiscuité sordide , une anticipation angoissante de la destinée de Jennifer , alias Djinn .
Ce pseudonyme que Jennifer s’attribue lors d’une métamorphose de sa personne sous l’influence de Nadine , sa cousine des « jours heureux » ,loin d’un quotidien morose , s’inspire de ces petits vampires destructeurs du poème de Victor Hugo , « les djinns » . Pour moi-même , un « djinn » évoque un souvenir de mon enfance en Algérie où souvent mes parents , européens arabisants par nécessité , désignaient par djinn – mot arabe intraduisible - un personnage plutôt sorcier , imprévisible, omnipotent , un enfant terrible , un génie remettant tout en question, défiant l’impossible et bien sûr anticonformiste et ennemi des normes qui paralysent toute une humanité .
Sans doute Djinn ex Jennifer est de cette trempe, même si sa fragilité et son impuissance
l’entraînent vers une descente aux enfers car elle n’est ni un dieu ni un demi-dieu mais sa perspicacité des choses et son combat s’apparentent à cette forme de prédateur omniscient capable de renverser les montagnes : elle a le don d’observer avec acuité les faux semblants de ses parents , leurs prétentions infondées , les tromperies d’un commerce tentaculaire ou les illusions du progrès social, de la « propriété » . Son pouvoir , ce sont ses lectures effrénées , sa scolarité qui la démarque des pauvres en thème . Elle n’est dupe d’aucun artifice , d’aucun pédantisme disgracieux mais dans le même temps elle est entraînée vers une forme de solitude , propice à l’imaginaire , aux fantasmes qu’elle partage avec Nadine . C’est d’ailleurs dans ces derniers que le roman trouve sa véritable articulation : des jeux de rôles annonciateurs des pires volontés de destructions vengeresses
Pourtant , Djinn n’est nullement dépourvue de l’ambition de se hisser aux plus hauts faîtes de l’échelle sociale , celle du monde qui lui est imposé et donc de trouver une place de choix dans cette société avec laquelle elle sera en porte à faux : bien sûr elle réalise le décalage entre ses brillantes études , de la psychologie au droit, et la désillusion des marchés de l’emploi . Tour à tour tutrice , baby sitter en Angleterre , ou encore candidate sans espoir dans une fonction humanitaire , elle finit par flatter ses parents en entrant dans un grand cabinet d’avocats . Hélas , ces expériences ne font que confirmer ce que son intuition lui prédisait : la réalité sociale correspond bien à sa peinture caricaturale des êtres qu’elle côtoie , des « engagés professionnels » aux nantis rangés qu’elle tente de servir et qui sont les détonateurs de la révolte sourde qui gronde en elle , ceux qui méprisent une nature innocente , portent atteinte à sa féminité ou encore préfèrent s’acoquiner en clans afin de mieux marginaliser celle dont l’indépendance d’esprit est une faille à leurs yeux . Tout de même un rayon de soleil semble illuminer un décor qu’elle fuira en se sabordant : elle s’éprend d’un collègue de travail tout en craignant que leurs milieux respectifs s’entrechoquent – Djinn a honte de ses origines sociales que sa fierté a voulu masquer en vain . Mais pourtant si d’un côté elle émet des doutes sur sa genèse familiale , la parenté de Thomas , l’« heureux » élu dont elle abhorrait l’apparence soumise et empruntée au travail est tout aussi déstabilisante et non étrangère aux contradictions du jeune homme . Cette bouée de sauvetage affective , cette grande découverte de la jouissance sexuelle réciproque est un exutoire qui hélas sera sans lendemain à mesure que les deux êtres retrouveront leurs vraies tares respectives . Thomas libéré de ses instincts sombre alors vers une sexualité sans limite , des pratiques échangistes et paradoxalement vers un écologisme maniaque et utopique qui le pousse à s’exiler et rejeter violemment sa compagne . Dans le même temps , il accélère la déchéance matérielle et psychologique de Djinn qui tentait de le retenir , sans doute inconsciente de sa propre fragilité .
Djinn est restée obsédée par les jeux de son enfance qui ont forgé son esprit rebelle . Elle s’est totalement identifiée à Nadine jusqu’à lui adresser une lettre énigmatique dont elle restera longtemps sans nouvelles : le lecteur imagine qu’elle y fait allusion au père de sa complice et à la haine que les deux gamines éprouvaient à l’égard de cet homme d’un autoritarisme sans bornes . Veut elle attenter à ses jours ? Quoi qu’il en soit , son récit sordide de l’enfer carcéral qu’elle présente dans une stylistique moderne entre les pages du roman laissent à penser qu’elle a mis à exécution son projet , profitant d’une maladie agonisante de son oncle et qu’elle est accusée d’assassinat . Elle s’en défend mais dans le brouillard d’un état mental virevoltant , elle n’est sûre de rien . Fort heureusement pour ceux qui, même peu enclins à l’indulgence , priaient sur son sort , l’épilogue les rassure : Nadine avait bien reçu la lettre mais Djinn est innocente du meurtre commis par le conjoint jaloux de sa cousine.
Ce personnage , et c’est tout l’art de Kysia Dorizon de l’avoir créé , est déroutant dans tous les sens du terme mais son moi intérieur si épris de pureté et vérité n’est pas sans évoquer cet être innocent que décrit Kafka dans le « procès » : il ne sait pas de quoi il est accusé dans ce labyrinthe infernal d’une bureaucratie anthropophage qui s’ignore elle-même . Alors elle n’a d’autre choix que s’avouer coupable y compris dans ses ébats les plus amoureux ou narcissiques . Piégée par un déterminisme qui la pousse dès sa tendre enfance à se réfugier dans l’irréel , fruit inévitable de ses abwhers freudiens , elle libère à l’âge adulte une agressivité délibérée sous forme d’ ironie ou violence physique et laisse son histoire en suspens .
C’est là le côté réaliste d’un roman qui s’achève et nous interpelle . »
Robert
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