J'ai reçu une triste nouvelle ces derniers jours et il m'a fallu quelques heures pour ramasser en moi des bribes de courage et d'optimisme pour voir au-delà de cette mort, survenue trop tôt et trop douloureusement, le trop faisant référence à l'âge de la victime. Même la fin de vie a ses codes et si certaines sont acceptables, d'autres sont injustes. J'ai perdu mes parents il y a peu et je ne l'ai pas accepté, bien sûr on s'accroche au temps qui passe et qui nous envoie tous vers la grande gueule béante et effrayante de la faucheuse, patientant au bout du chemin, mais quand ce dernier est très court la douleur de ceux qui restent est pire encore. J'aimerais dire à ceux qui ont abordé de près ou de loin ce chagrin, ce deuil, que s'il nous retire l'être cher et un morceau de notre chair, celui-ci nous reviendra chargé de celui qui est parti, plus voluptueux et plus grand aussi pour nous permettre de voir la vie se déployer avec plus d'acuité. Faisons que la mort nous décille et nous offre la lumière.

Lorsque j'ai entamé l'écriture de Faute de frappe, je vivais une expérience douloureuse, j'accompagnais mes parents dans leur dernier voyage. Douloureux mais également formidable aventure qui m'a permis de leur exprimer ma gratitude et mon amour immense. Durant ces deux années, écartelée entre Ehpad et hôpital, j'ai trouvé naturellement un exutoire à ma colère et à mon désarroi, tout en éprouvant les émotions traversées par Djinn, mon héroïne. Inventer Djinn, c'était à la fois, sortir de ma propre histoire et sortir de ce que j'étais. Djinn, mon opposée, frondeuse et arrogante était ce que je ne suis pas et a donné corps à mes angoisses.